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Les archives de Côté Beurre
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8 septembre 2006

Billets de Juillet 2006

Note de l'Auteur : Voici les billets de mon ancien Blog, classés par ordre déchronologique, pour le mois de juillt 2006. La mise ne page est à peu près respectée... Toutefois il n'y a pas beaucoup de billets. C'est normal, il ne s'agit que des derniers jours du mois, je n'ai pas eu accès à Internet pendant quelques semaines pour cause de vacances. Alors il n'y a pas grand monde, mais c'est d'un choisi... Rien que pour ce mois-ci, on a deux billets particulièrement intéressants sur la coupe du monde et Amélie Nothomb (Qu'elle soit maudite jusqu'à la treizième génération). Bonne lecture !

31/07/2006

Enflés de la balle

La coupe du monde est passée, et son cortège de faux héros, simiesques pantins aux pouvoirs octroyés pas de grands chimistes, qui frappent dans une balle tels des croisements contre-nature entre des chiots et des orangs-outans. Et dire qu'on est considéré comme un mauvais français, un anti-patriote, si l’on n’encourage pas ce quarteron de trisomiques au salaire démesuré. Et pourtant, quelle horreur, quels excès, que de turpitudes !

Il y a eu des morts, évidemment. Des poignardés, des trucidés par balle, un noyé à la suite d'un pari stupide, des excités divers... Nous ne savons d'ailleurs pas la moitié des petits drames de la coupe, alcoolisme, insolation, déshydratation, surdité partielle ou totale, angines, rixes avec coups et blessures, et j'en passe. On n'en parle pas, mais en blessés, je pense que ça a fait plus de dégâts que la dernière rechute de canicule en juillet.

Combien de petits incidents ne font pas les infos de vingt heures ? Les insultes racistes qui reprennent de la vigueur et qu'on dissocie trop peu, et trop difficilement, de cet "esprit de saine compétition entre nations"... Moi je n'ai entendu aucun "que le meilleur gagne", à part à la télévision (et celui qui l'a dit le pensait-il ?), mais j'ai assisté à des "tu soutiens l'Italie, sale bicot ? Algérien de mes deux, retourne dans ton pays !", assortis de menaces.

Quelle distinction. Entre ça et le remix quasi-staracadémou de "Douce France" dont je vous ai déjà parlé, sur l'air de "jusqu'ici tout va bien", la coupe du monde qui prenait les neuf dixièmes du journal télévisé (et cet accident d'avion en Sibérie ? Allons, 140 morts, ce n'est pas si important...), le reste de l'info à peine mentionné par Claire Chazal, en Allemagne pour l'occasion. Même Laborde le Vampire avait un linceul aux couleurs des bleus...

Les sponsors sont contents, c'est ce qui compte. Vous l'avez compris, je n'ai aucun amour pour les dandinements stupides d'autistes légers ou de cons profonds (autrement dit le foot), mais ce que je déteste le plus n'est pas le jeu. Je hais le fait que tous puissent se monter le bourrichon et plonger dans le chaos à cause d'une telle fumisterie, d'une diversion aussi évidente face au manque de programme et d'idées des politiciens.

Et pour du chaos, c'est du chaos. Seul le matraquage médiatique est organisé. On se souvient du film conceptuel sur Zinedine Zidane, sa vie, son oeuvre, ses gestes... Un peu comme Microcosmos et La Marche de l'Empereur, sans le côté écolo : Un cerveau de mouche dans un corps aussi gracieux qu'un pingouin dans le stade machinchose, le tout sur grand écran et tout en longueur, sans histoire, sans rime ni raison.

A la question "voteriez-vous pour Zidane s'il se présentait à la présidentielle ?", posée lors d'un pseudo-débat quelques mois avant cette coupe du monde, TOUS les invités ont répondu oui. Et il s'agissait d'un panel complet de tous les partis et toutes les tendances du moment. Tous. Chacun avec des raisons différentes mais similaires. Sans aucune hésitation. A les entendre, Zizou eut pu être l'âme d'une union sacrée en politique.

Soyons sérieux cinq minutes... Même si Monsieur Coup de Boule n'est pas un crétin bavant, il est quand même à peu près aussi bien taillé pour être président que la chaise sur laquelle il s'assiérait s'il était élu. Même Olivier Besancenot, ce facteur au sourire si mou, se sent plus qualifié. Il a raison, de peu. Tout le monde le sait. Et pourtant personne n'a dit non. Personne n'a dit que mener un pays n'avait rien à voir avec taper dans la balle.

Personne ne peut se permettre de dire non devant Joe Public, en français "l'électeur moyen", le fils bâtard de la ménagère de moins de cinquante ans et Monsieur Martin, le beauf qui se prend pour un fier barbare gaulois qui se peint le visage et hurle, bière en main, les derniers slogans qu'il vient d'entendre. Il oublie allègrement ceux d'avant car il a la mémoire d'une mite lobotomisée : c'est le dernier qui parle qui a raison.

C'est lui qui, tout en se plaignant que "c'est tous des pourris", demande à toute force qu'on lui mente et qu'on lui promette monts et merveilles, c'est à cause de lui que les politiciens ne peuvent pas dire ce qu'ils pensent vraiment... C'est lui-même qui, aux beaux jours (comme disait Desproges), vote. Oui, c'est lui qui, écrasante majorité du con oblige, décide de l'avenir de tous les autres. Bienvenue à la Démocratie Spectacle.

Mais je digresse. Revenons à nos moutons de footballeurs. D'ailleurs, je ne sais plus quel comique disait que si les footballeurs et les mannequins se mariaient ensemble, ce n'était pas un hasard : ils ont le même QI et les mêmes caméras devant, et surtout la même catégorie de salaire... Ah, je chérirai le jour où l'on fera une réforme du football. Une vraie réforme, une réorganisation des tenants et des aboutissants du jeu.

D'ailleurs, avec toutes les dérives vers les extrêmes et l'escalade mondiale de la violence, je m'étonne que personne n'y ait encore songé : pourquoi ne pas régenter les dérives de ce sport ? Plutôt que de laisser les morts et les blessés s'accumuler de façon irrationnelle, pourquoi ne pas les institutionnaliser une fois pour toutes ? On a déjà le football "national", pourquoi pas ajouter "socialiste" derrière, au point où on en est ?

La solution (finale...) est évidente pour qui connaît un peu l'Empire Aztèque. Je vous explique. Les Aztèques bénéficiaient d'une société aux rouages bien graissés, bureaucratisée, et dont la mobilité sociale était pourtant assez importante (surtout par rapport à la nôtre, quasi nulle). Comment ce fait-ce ? J'en vois déjà qui ont deviné la réponse depuis qu'ils ont pensé aux nazis : on en tue certains, ça fait de la place aux autres.

Les Aztèques, méso-américains bon teint, avaient un sport national, eux aussi. Nous, nous l'appelons la "Pelote Aztèque" par souci de simplicité, le Nahuatl étant assez ardu. Les règles tiennent un peu de la pelote basque, il faut faire rebondir la balle (un gros sac de cuir rempli de lourdes pierres) sur les murs du terrain spécial en ne la touchant que des genoux, des coudes, de la tête, et autres membres pas pratiques du tout.

Chaque équipe représentait des forces surnaturelles, et le déroulement comme l'issue de la partie avaient des significations divinatoires. C'était un grand honneur que de faire partie d'une équipe... Et l'honneur de gagner était plus grand encore, puisqu'ils étaient sacrifiés en hommage aux dieux que leur équipe représentait ! C'est la condition pour que les prédictions des prêtres se réalisent. Couic, splatch. Je résume, mais c'est ça.

Et à quoi bon avoir une carrière qui s'éteint mollement, comme sur un coup de tête, lorsqu'on peut mourir de façon flamboyante et rester, tel James Dean, dans le coeur des gens ? Si en plus, comme lui, on peut le faire sans jamais avoir rien fait de génial qu'amuser un peu la galerie avec un jeu quelconque, puis rester très jeune, très beau (et très mort) pour l'éternité, comme à l'heure du triomphe... Cela peut tenter certains.

Vous imaginez ça de nos jours ? Zidane, Ronaldo et les autres, sacrifiés sur l'Autel du Sport, le coeur arrachés ou écorchés vifs, le tout retransmis en direct... Un sacrifice littéral plutôt que la lente pression médiatique qui extrait tout le jus des champions avant de les jeter, exsangues, comme de vieilles canettes. Les économies de salaire seraient considérables, et je pense que l'audimat ne baisserait pas d'un poil. Au contraire.

Il y aurait, c'est évident, beaucoup moins de volontaires pour manquer l'école à force de taper dans la balle et de s'abreuver de "potions magiques" pour courir vite : peut-être que plus de gens comprendraient que les seuls gagnants à ce jeu, sacrifice ou non, sont les grands prêtres des médias. Evidemment, on ne va pas réaliser ce cauchemardesque plan d'action. Ce ne sont pas des façons, tuer gratuitement, tout de même.

D'abord c'est immoral, ensuite trop de gens trouveraient ça jouissif, justifié et normal. Voyez le succès de la Corrida, qui malgré les associations, ne baisse pas. Le foie gras, pareil. Le journal de vingt heures avec des morts bien sanguinolents à l'heure du dîner, les films gore... Du pain et des jeux. Du tapin et des jeux, d'ailleurs, quand on parle d'émissions comme l'Ile de la Tentation et autres produits de racolage actif.

Toujours est-il que le meurtre institutionnalisé, c'est quand même pas des trucs à faire, même si on peut en rêver un peu. On dépasse la dérive dangereuse : c'est justement ce à quoi mène la dérive. Et puis, on commence comme ça et on finit par les autodafés. Ou par mettre d'autres gens que des sportifs sur l'Autel, comme par exemple des politiciens agaçants ou des grands prêtres. Ou pire, n'importe qui. Ou pire, moi !

Ces trucs là, on ne sait jamais où ça mène. Regardez les Aztèques et les Nazis aujourd'hui.

30/07/2006

Gros Thon II, le retour !

Mes lecteurs assidus (Si, si, il y en a ! Je vous ai vu, là, derrière... N'ayez point de honte !) se souviennent peut-être d'un billet sur Amélie Nothomb. Je l'avais mise, guidé par un infâme préjugé, dans la rubrique "les auteurs qu'on n'y arrive pas". C'était un grand tort, je l'en ai retiré et je me suis excusé pour cette faute inqualifiable : on ne critique pas sans avoir lu. C'est vrai, ce serait trop facile, et puis c'est d'un commun : tout le monde le fait.

Eh bien là, dans la liste, elle y retourne et elle y reste. Elle en prend pour longtemps. Parce qu'entre temps, je suis tombé sur son premier roman, intitulé "L'hygiène de l'Assassin". Et je l'ai lu. Ah, la sale péteuse plus haut que son cul. Ah la grosse pouffe imbue. Ah la connasse de première. Ah la gourde mal baisée. Ah, la radasse suintante de fatuité. Ah l'indicible mocheté pleine de la bave académique des crétins cultivés. Quelle erreur, ce livre.

Peut-on vraiment juger un auteur sur son premier roman ? Certains diraient "peut-être pas". UN premier roman, c'est toujours mauvais, et c'est toujours trop personnel : il permet plus d'indiscrétions sur l'individu que sur l'auteur, qui n'est pas encore "formé". Voit-on les performances du grand marathonien à son premier sprint ? Oui et non. Les plus grands promettent dés l'enfance, comme d'autres se bonifient avec le temps.

Mais j'affirme que l'on peut voir à son premier livre si l'on aime un écrivain. Un livre, un seul, et à fortiori le premier, c'est tout ce dont dispose le lecteur pour faire son choix. C'est un fait : il n'y a qu'avec ça qu'on peut décider si l'on va prendre de son temps et de sa personne pour lire le reste. C'est le premier livre qui doit convaincre l'éditeur et les lecteurs du talent de l'auteur, de sa "solvabilité stylistique". C'est un examen, quoi.

Si on déteste, on ne va tout de même pas se forcer : Il y a tant de livres dans le monde, personne ne peut tous les lire, si en plus on ne devait lire que ceux qui sont chiants... Et je trouve que c'est un excellent test, justement parce qu'il paraît injuste à ceux qui ratent. Or, le premier roman d'Amélie Nothomb a raté, du moins à moitié. Je dis ça parce qu'elle vend, qu'elle plaît, qu'elle publie, qu'elle passe à al télé... Bref, elle a fait école, inexplicablement.

Moi, je trouve qu'elle a fait tout ce qu'il ne faut pas faire dans son premier livre. D'abord, c'est une logorrhée sans fin dans laquelle elle étale sa culture. Oui, elle a fait ce que MOI je fais à longueur de temps dans ce blog, mais étendu à un seul sujet sur plus de 200 pages. Un unique éditorial, une interminable humeur, un robinet de bile qui ne sait pas s'arrêter. On dirait la version intello de Charlie Hebdo. A la longue, c'est lassant.

Comme de bien entendu, elle émaille son oeuvre de tous les poncifs et de leur contraire. On ne se laisse pas prendre au jeu : ce ne sont pas les protagonistes qui pontifient, on voit bien l'auteur déblatérer au travers. Elle croit se déguiser derrière ses marionnettes, choses unidimensionnelles qu'elle appelle "personnages". Ils sont plats, prévisibles, peu creusés (même l'assassin éponyme, la grosse Tach, le Prétextat futile au roman)

Lesdits personnages ne sont qu'une accumulation de symboles à peine liés par un nom ou une fonction, des archétypes simplistes, irréels, que la Nothomb croit sans doute élégants. Pourquoi, je vous le demande ? Pêché d'orgueil. Cela se voit, elle croit que ce qu'elle a à dire est plus important que ses personnages. J'aurais pu dire "pourquoi pas", mais là, elle croit aussi que ce qu'elle déblatère peut remplacer l'histoire.

Son propos n'est pas un récit, ni une histoire, c'est une vague trame squelettique qui articule les considérations prétentieuses d'Amélie Nothomb, précieuse ridicule, sur l'écriture et la lecture. C'est un essai à peine déguisé sur l'art d'écrire. Il y a quand même un gros problème : c'est son premier roman, elle ne sait donc pas du tout comment écrire, elle n'en a qu'une vague idée issue du milieu plein d'illusions de la fac.

Elle n'y connaît strictement rien, à ce processus, puisque c'est la première fois qu'elle passe par là. Maintenant, je ne sais pas, elle doit s'en repentir, mais au moment où elle a écrit cette bouse, la petite Amélie confondait littérature et écriture, universitaire et classique, académique et talentueux. Son style est fluide et travaillé, son roman fait la longueur réglementaire, il y a peu d'incohérences, du rythme... Et rien d'autre.

Elle ne connaît de l'écriture que l'idée, la mécanique théorique, n'ayant jamais mis ses mains dans le cambouis. Son truc, là, c'est trop léger et trop arbitraire pour être une thèse, et trop lourd pour être un sketch. Ou alors un sketch très long qui s'adresserait uniquement aux professeurs de français. C'est de l'érudition, de l'étalage, des figures de style, de l'esbroufe, de jolis petits paquets de coïncidences narratives et des "punch lines".

Mais ça n'est pas de l'écriture. C'est quelqu'un qui se fait mousser tout seul. C'est masturbatoire. Et je m'y connais. En bref, c'est de la fabrication, pas de la création. C'est comme comparer une toile de maître avec la même quantité de toile et de pigment mis dans un mixer et transformés en bouillie. Comme comparer un chien vivant avec un chien mort reconstitué à partir de morceaux de cadavres : il y manque quelque chose !

Histoire de parler un peu du livre lui-même (il le faut bien, on serait capable de m'accuser de ne pas l'avoir lu, bien que ce soit assez chiant d'y revenir), sachez que c'est l'histoire d'un prix Nobel de littérature soi-disant génial que personne ne lit (comme tous ces gens là, et sur ce point, Amélie Nothomb est percutante, mais ça ne la sauve pas) qui a commis un meurtre il y a belle lurette, et qui va crever bientôt.

Ce meurtre, il l'a lui-même raconté dans un de ses romans, inachevé, et tout le monde n'y a vu que du feu. Comme sa mort est proche et qu'il est à la fois immonde, reclus et plus grand que nature, des journaleux vont successivement l'interroger. Et ce jusqu'à ce qu'une femme (évidemment) qui l'a vraiment lu (évidemment) et percé à jour (évidemment) le force à avouer, à ramper... Puis elle le tue et devient son avatar.

Je dirais bien que la fin est bancale, à côté de la plaque, mais comme le début est mou, donneur de leçons et prévisible, on ne peut décemment pas être déçu par une fin pareille. C'est trop téléphoné pour être vrai, et la quantité invraisemblable de petites saillies dans lequel tout ça marine n'a bine souvent rien à voir avec la choucroute. Digressions ? Non. Diversions et dilutions, oui ! Un exercice scolaire et froid, sans originalité.

Et Amélie Nothomb croit sans doute avoir pondu un classique. Voilà ce que donne l'intelligence sans talent, une intelligence pourtant (de toute évidence) pénétrante, sans rien d'autre pour s'accoupler qu'une imagination chétive : un mariage bine stérile, et des coïts bien ternes. Je ne voulais plus croire quand on me disait "La Nothomb, intello mal baisée qui s'est faite une culture asociale à cause de son physique ingrat..."

A la lire, à la voir et à l'entendre parler à la télévision, je suis forcé de me rendre à l'évidence. Elle mérite son surnom d'Amélie Gros Thon. Et elle en souffre, d'où son excès d'orgueil. Elle en pue, le thon. Réaction classique de qui se sent rejetée et frustrée à souhait. Et pour son coup d'essai, vous savez où elle peut se le mettre, si je puis paraphraser les classiques (elle le fait mieux que moi). C'est un roman "moi-je".

Le premier roman est toujours personnel : ça n'a pas loupé. Elle n'a pas résisté à la tentation, toujours présente, de se gargariser d'elle-même, d'écrire pour écrire, d'écrire sur l'écriture, ou du moins sur l'idée préconçue qu'elle s'en fait... Je ne puis souffrir cette lâche méthode, et je pourrais ne pas tarir d'adjectifs bas et avilissants à déverser sur ce genre de pratique littéraire, si je n'étais point limité par la langue française.

Comment ! C'est la plus grande des trahisons ! La différence entre le billet qui se gargarise de grands mots et l'écriture, la vraie, la Création, c'est justement ça : Un Vrai Auteur n'écrit pas pour se satisfaire, pour son plaisir, pour l'épate, en dilettante, pour la gloire ou l'argent, même si cela peut entrer en jeu de manière secondaire. Il écrit parce qu'il en a BESOIN, comme de manger et de respirer, comme un peintre peint.

Un écrivain véritable ne se la joue pas, il ne donne pas de leçons, ça c'est l'affaire des éditorialistes et de ceux qui bloguent dans les coins. Il écrit pour son histoire, il écrit pour son lecteur. Le premier livre d'Amélie Nothomb n'intéresse donc que ceux qui se trompent eux-mêmes : ceux qui ne l'ont pas lu ou qui n'y ont rien compris, mais qui trouvent ça génial parce que c'est rythmé, facile et qu'il y a des mots compliqués.

Parmi eux, la cohorte des féministes forcené(e)s qui crient au génie dés qu'une vieille fille moche qui ne baise pas prend sa plume pour écrire des mots de plus de trois syllabes. Ajoutons les intellectuels moisis, les étudiants naïfs, les littérateurs cons et les gens de la gauche-caviar. Autant dire, personne d'important. Comme Max Gallo et Marc Levy, ça se vend parce que c'est de la soupe, même si ça ne se lit pas.

Tout au plus ce livre aura-t-il eu le mérite de ne pas m'indifférer plus de dix minutes, un record pour de la crotte. Sans doute ma curiosité morbide.

29/07/2006

C'est une maison bleue

Tiens, voilà un bon sujet : Avec le chassé croisé des vacanciers (une expression qui sent son lieu commun pire qu'un métro bondé), la reprise de "Douce France" dans le plus pur style "Tout va bien, notre pays ne se casse pas la gueule", comme si on y croyait... En plus je reviens de voyage, alors ça fait bien. Oui, allez, c'est décidé, aujourd'hui je vous cause vacances. Plus précisément location saisonnière. Nous sommes des millions à le faire.

Vous avez déjà loué pour les vacances ? N'importe quelles vacances, ne chipotons pas. Il vous est peut-être arrivé, alors, de tomber sur une maison inhabitée. Vous allez dire "Heureusement qu'il n'y a personne quand on arrive !"... Mais je vous répondrai que vous n'avez rien compris. Je vous parle d'une maison vraiment inhabitée, vide, sans âme, sans occupants du tout en dehors des gens de passage. Une maison exsangue.

Mais je m'exprimais mal. Des maisons refaites, propres, sympathiques ou non, mais dont il est évident qu'elles n'ont jamais été occupées à l'année dans leur état actuel, voilà le genre de maison auquel je fais allusion. Ce n'est pas une question de propreté ni de construction récente : propre ou sale, une vieille bâtisse refaite peut n'avoir jamais été habitée dans son état actuel, bine qu'elle ait pu être une bergerie, une grange, un presbytère...

Il y a des détails qui, passez-moi l'expression, tuent. Les tableaux hideux avec lesquels on ne pourrait pas vivre (mauvais portraits au strabisme scrutateur, immondes croûtes trouvées dans une brocante, tableaux froids et impersonnels de chambres d'hôtels, photos et paysages de carte postales...) sont une forte présomption, mais après tout, il y en a qui aiment. La maison appartenait peut-être à des mongoliens incestueux fans de Céline Dion.

La présence d'une salle d'eau par chambre dénote, avec d'autres détails, une organisation de la maison en plusieurs appartements fonctionnant comme des suites, ou des studios privatifs : Là encore, c'est une forte présomption qu'une grande villa a été refaite pour sous-louer à plusieurs familles et rentabiliser l'espace. Mais ce n'est pas une preuve : certains invitent beaucoup d'amis, et d'autres aiment se laver sans avoir à attendre.

Certaines choses, par contre, ne mentent pas : une cuisine toute équipée dans une grande maison, à laquelle il ne manque que la place pour ranger les victuailles que l'on suppose nécessaire lorsque la maison est pleine. Ou alors c'est qu'il manque une cocotte minute, ou une râpe : Un détail, certes, mais un instrument indispensable, que deux personnes qui réaménagent une maison pour douze oublient toujours.

Un signe certain : la présence de lampes de chevets et autres appareils électriques dans les pièces, juste posés à un endroit visuellement logique... Alors que les prises de courant sont à l'autre bout de la pièce, derrière un autre meuble, voire carrément absentes. A moins qu'un gnome malin soit passé voler toutes les rallonges et les prises multiples, c'est que quelqu'un a refait l'électricité sachant qu'il ne vivrait pas là.

Si vous voyez des objets qui ne collent pas les uns avec les autres, ce sont des articles de récupération placés là parce que les propriétaires gardent les objets sympas pour l'endroit où ils vivent, et que c'est censé faire pittoresque. Ce sont surtout les lampes de chevet dont on parlait : il y a toujours des lampes chinées hideuses dont personne ne veut, dans ces maisons. C’est comme ça, c'est inexplicable, ce doit être la loi de Murphy.

De même, si vous avez des objets homogènes et bon marché absolument partout sans autre trace personnelle, qui collent parfaitement, soit le propriétaire est maniaque, soit tout a été acheté en gros chez IKEA. Surtout si c'est moche et si il y a du papier peint crème, beige, ou tout autre ton apaisant qui va bien avec IKEA. Les vieilles pierres et IKEA, ça jure. IKEA, c'est l'impersonnel à son summum, le meuble d'appoint.

Des arbres tous plantés récemment, pas de traces d'usure, l'odeur de neuf, la peinture fraîche, le béton pas sec, aucun objet personnel, rien d'original, un inexplicable manque de personnalité qui se manifeste par une impression indéfinissable, autant de signes que ce n'est pas un vrai foyer, mais un lieu où l'on s'arrête et où l'on fait attention de ne rien laisser en partant, où l'on arrive mal à l'aise et d'où l'on s'efforce de repartir anonyme.

On pourrait dire que c'est un lieu de passage et pas un lieu de vie, mais au fond, c'est le cas de tous les lieux... Mais vous voyez la différence. Non que cela soit mieux ou moins bien : que vous dormiez dans le lit de votre prédécesseur ou dans celui du propriétaire légitime, vous dormez toujours dans le lit d'un autre. Mais je trouve amusant de voir les traces que cet autre a pu laisser, parfois malgré lui. C'est mon côté historien.

Vous savez bien, les affiches qui proclament leurs goûts en matière d'art et de musique, les vrais livres à lire, les recettes de cuisine dans les tiroirs, les tableaux étranges et mauvais tous signés du même nom (peut-être un ami du propriétaire, ou lui-même, qui sait ?), des portes fermées à clé, un coffre-fort, une vieille cachée dans un coin... Je suis même tombé, une seule fois, sur une pin-up épinglée sur l'intérieur de la porte des toilettes !

Tout le monde n'a pas cette curiosité malsaine, ni l'imagination pour inventer ou retrouver ce qui se trame derrière chaque grain de poussière, ce qui repose dans chaque coffre à la cave, ce qui attend dans chaque malle au grenier, derrière chaque pouce de rideaux en tergal, au coeur de chaque bouquin écorné, sous chaque matelas solitaire et entre les pages collées de chaque magazine douteux...

Je me suis trouvé témoin involontaire de la vie d'inconnus, et j'ai joui de cette opportunité avec un plaisir coupable. J'ai trouvé ici un exemplaire usé du Kama Sutra, là une copie tout aussi usée de la Morale de l'ordre des Jésuites, ailleurs de vieux comics accolés à George Simenon dans une copulation délétère... J'ai déterré des trésors dans certains tiroirs, non pas en monnaie mais en détails croustillants qui piquent l'esprit.

Une photo sépia d'un homme faisant du nudisme, des crucifix, des recettes de mémé, des vieilleries charmantes, des placards fermés à clé dont dépassaient des magazines de fans boutonneuses des boys band à la mode à l'époque, des maquettes d'avion suspendues au plafond de chambres dont la décoration entière était l'apologie du football, des disques immondes autant que sympathiques. Je les ai laissé reposer en paix.

Vous l'aurez compris, je préfère les maisons avec du caractère pour mes vacances. Même si j'aime me sentir chez-moi, tout vaut mieux que de ne se sentir chez personne. J'apprécie surtout qu'il y ait une continuité, que les hôtes acceptent des invités dans leur maison, leur foyer, et que ce foyer reste le leur quoi qu'il arrive, quoi que les invités de passage puissent y faire. Un abri qui fait croire à l'authentique, c'est du préfabriqué.

Question de goûts. Quittons-nous sur une citation, ça fait toujours bien. J'en ai une qui est très appropriée, mais je doute de ma mémoire à son sujet, toujours faillible en ce qui concerne la formulation du français familier... Qu'on me pardonne mon inexactitude. C'est une brève de comptoir recueillie par Jean-Marie Gourio (qui d'autre ?) : "Les fantômes, t'en trouveras jamais dans un pavillon phénix. C'est trop moche."

28/07/2006

Génie de la restauration, aide à notre résurrection...

Si vous êtes de mes amis, vous aimez les livres. Ou au moins lire, un peu. Je dois avoir deux ou trois amis qui lisent peu, mais même eux adorent lire les journaux, lisent un livre de temps en temps et vont au musée plus souvent qu'à leur tour. Je n'y peux rien, je n'aime pas les cons. Sans culture il est très rare que quelqu'un soit intelligent : quelqu'un d'intelligent voit tout de suite les bénéfices de la culture et combien elle est facile à avoir.

Mais peu importe. Voyons le côté pratique des choses : vous aimez lire, vous avez sans doute pas mal de livres chez vous, dont certains assez vieux. Qu'en faire ? Jeter un livre est impensable, c'est un sacrilège à peine moins important que le brûler. Reste à les vendre si vous avez VRAIMENT besoin de sous, les donner à quelqu'un qui les lira, ou les garder. Mais c'est vrai que les vieux bouquins crades, nids à poussière, ça fait tache.

Solution : à vos moments perdus, vous n'avez qu'à les réparer ! Sans entrer dans les détails de la profession de restaurateur de livres anciens, voici quelques conseils : Si la tranche se décolle ou que la couverture se dédouble, enduisez les deux parties à coller de colle à papier peint. Il faut mettre le livre à sécher fermé sous un poids. Faites bien attention de ne pas coller de pages, et éliminez le surplus de colle avec un coton-tige moite.

Si vous détestez votre livre mais que vous voulez juste le lire, les réparations avancées au système D se font avec du gros scotch marron. Si vous l'aimez, amenez-le chez un restaurateur qui utilisera des résines spéciales à diluer dans l'alcool absolu, par exemple, qui combleront les fissures minimes de façon transparente. On ne trouve plus d'alcool absolu en pharmacie, vu que ça peut servir aux cocktails Molotov, juste de l'alcool à 95°.

Le nettoyage des couvertures en cuir se fait  en utilisant une éponge très légèrement humide (c'est à dire humidifiée puis essorée au maximum, quasiment sèche) qui ne laissera pas de traces... Ne la passez pas sur la couverture directement, elle sert à passer un savon pour l'entretien des selles de cheval (savon neutre en vente dans tous les magasins pour sportifs). Les meilleurs sont anglais. Lustrez ensuite au chiffon en laine sec.

Pour la plupart des couvertures rigides, frottez un chiffon doux (en laine par exemple) sur une bougie blanche et frottez la couverture avec. Vous pouvez aussi utiliser la cire à livres de la bibliothèque nationale (attention, elle fonce, n'utiliser que sur les ouvrages à couverture foncée) ou la formule du British Museum, mais bon courage pour en trouver... Consultez un bouquiniste ou un libraire d'ancien, il cirera pour vous.

Evidemment, ce traitement ne s'applique pas aux pages, vous les ruineriez ! Pour nettoyer la tranche côté pages de vos livres, neufs ou vieux, voici un petit truc à savoir : n'utilisez pas de chiffon, même doux et délicat, car cela ferait pénétrer la poussière entre les pages, mais un pinceau plat et souple. Le temps de nettoyage n'en est pas augmenté ni diminué, et puis vous n'avez pas besoin de le faire tous les jours non plus.

Lorsqu'un livre a pris l'humidité, même s'il apparaît sec, ses pages sont gondolées. Saupoudrez les pages incriminées avec une bonne dose de talc et laissez agir pendant une journée, au moins une dizaine d'heures, à l'abri des courants d'air. Essuyez, puis remettez du talc, et placez le livre fermé sous un poids pendant quelques jours. Miracle, le talc aura absorbé l'humidité et vos pages seront à nouveau toutes plates.

Si votre livre a des pages jaunies à outrance et tachées de noir ou de gris, il commence à moisir. Posez-vous al question : où l'avez-vous rangé ? Evitez les étagères contre les canalisations, les caves humides, les fuites d'eau... Quoi qu'il en soit, il va falloir nettoyer ça page par page, de chaque côté. Eh oui, mais si ce n'est pas un livre hérité comme ça, c'est de votre faute, vous n'aviez qu'à faire attention !

Pour nettoyer les traces de moisissures, trempez un coton-tige dans un mélange qui ressemble un peu au Pastis, en encore moins buvable : un volume d'eau de Javel pour cinq volumes d'eau. Tamponnez la tache jusqu'à disparition totale, puis laissez sécher le livre. Si vraiment il y en a trop, et si les caractères imprimés finissent par disparaître, ou si le bouquin est carrément au bord de la décomposition, allez voir un professionnel.

Voilà... Si vous procédez avec précautions en suivant ces conseils, vous devriez pouvoir réparer les livres anciens moyennement ou peu abîmés, voire plus. Je ne vous ai pas dit comment restaurer une page dont les caractères se sont partiellement effacés, ni avec qui nettoyer les pages jaunies, ni même comment re-relier un livre, mais je pense que vous ne vous embêterez pas avec ça si vous n'êtes pas bibliophile...

Souvenez-vous toutefois de ces derniers conseils : pour conserver vos livres longtemps, maintenez-les à l'abri de la lumière du jour, dans un endroit frais et sec où il n'y a aucun risque d'incendie, pas de différence de température notable dans la pièce, et bien à l'abri des insectes (les poissons d'argent aiment l'humidité, et leurs pattes effacent l'encre d'imprimerie). Mettez aussi de l'antimite, la mite du papier fait des ravages.

A défaut, rangez-les sur une étagère, c'est bien aussi.

27/07/2006

Tapissé partout

Chacun peut admirer les somptueuses tapisseries d'Aubusson, et la Dame à la Licorne qui se montre "à son seul désir" au musée médiéval de Cluny, à Paris. La tapisserie de Bayeux, retraçant l'épopée de Guillaume le Conquérant, n'est pas moins impressionnante malgré son style plus naïf. Ceci n'est pas un exposé sommaire vantant mes goûts d'esthète, je cherche à vous sensibiliser à cet art perdu de la tapisserie.

Faites un tour dans une mercerie. Vous y verrez, à part l'invraisemblable bric-à-brac de fils, assez peu de choses rappelant les grands ouvrages de dames du temps jadis, ce à quoi s'attelaient les disciples de Pénélope aux manufactures des Gobelins. Des napperons, des abécédaires, quelques écussons, deux ou trois images boiteuses des personnages de Walt Disney qui déshonorent la toile qui leur sert de support... C'est miteux.

Au mieux, vous trouverez des réalisations plus complexes, comme des portraits de chiens et de chats, une rombière boudinée copiée du XVIIIe ou XIXe siècle et figurant Diane au bain, ou quelque autre sujet tout aussi bucolique. Bien sûr, omniprésents, l'immense collection de broderies de phares de toutes les mers s'insinue partout. Il n'y a que ça, à part les livres-guides et les fils des deux seules marques existant à l'heure actuelle.

Et ne cherchez pas, tous les magasins sont les mêmes ou presque. Selon la taille, le choix dans ces articles de base est plus ou moins étendu, mais les sujets représentés sont toujours d'uns mièvrerie sans borne. A peine deux marques de fils, les mêmes ouvrages partout... Je sais bien que le marché s'étiole et que personne ne tapisse plus, mais là on se croirait carrément dans un pays communiste.

Ou plutôt non : Traditionnellement, les pays de l'est ont toujours réservé une place importante à la broderie populaire, et la pauvreté force à se faire ses propres vêtements. Cette tradition perdure aujourd'hui dans les costumes folkloriques et les napperons kitsch, horreurs touristiques vendues à côté des matrioshki... Mais de Prague au Kamchatka, cet art féminin n'est pas mort dans toutes les maisonnées, loin s'en faut.

Mais de grâce, qui veut l'extermination des mercières ? Je ne connais qu'une personne qui voulait manifester pour cette cause, Pierre Desproges. L'anti-mercièrisme est, je pense, mort avec lui... Doit-on donc forcer nos tapissières à ne rien broder d'autre que des niaiseries tout droit sorties d'un calendrier de la poste ? Même les images pieuses des vieilles paroissiennes sont plus variées et plus belles.

Certes, ces vieilles paroissiennes, avec les mères catholiques soumises jusqu'au martyr, les mamies-gâteau, les immigrées de l'est et les vieilles filles désoeuvrées, forment a priori le noyau dur des femmes qui s'adonnent encore à ce genre d'ouvrages. Je suis le premier à dire que les vieux et les religieux sont des trucs mous qui ne servent à rien, mais là, je m'insurge : ce n'est plus de l'euthanasie, c'est du sadisme.

Où sont passés les chasses médiévales, les millefleurs, les animaux fabuleux, les scènes préraphaélites ou bibliques, dragons, licornes et saints, les armoiries et les motifs en arabesques ? Doit-on condamner nos grand-mères innocentes à faire au point de croix et sans relâche des pommes et des ABC Disney ? Ne sont-elles pas des femmes avec des intérêts plus variés que les paysages bretons ?

Je ne le puis souffrir ! Boycottons les mânes de DMC, ne leur achetons plus que les fils et la toile vierge. Cherchons plutôt sur Internet, photocopions des livres d'art s'il le faut, scannons les photos qui nous plaisent et disons merde aux motifs standards. "le jardin des délices" de Jérôme Bosch est peut-être un peu plus compliqué à broder qu'un chaton avec sa pelote, mais ça a tout de même plus de gueule dans un salon !

Mille tonnerres

Un retour en fanfare avec un gros orage nocturne sur Paris, voilà qui me sied bien... Surtout après des vacances bien méritées. Enfin, des vacances, c'est déjà ça. J'arrive aussi avec la fin théorique de la canicule, durant laquelle notre président n'a bien entendu pas manqué de se rendre ridicule avec un message du genre "Françaises, français, il fait chaud, rangez vos vieux dans un endroit frais et sec et aérez-vous."

Il n'a rien dit non plus pour le 14 juillet, enfin il a beaucoup parlé, mais il a dit peu de choses... C'est un grand comique, dommage que son seul gag repose sur le fait d'enfoncer des portes ouvertes. Mais je n'ai que des ouï-dires fragmentaires, aussi je tairai mes remarques les plus acerbes sur notre chef d'état à nous, qui a bien de la peine en ce moment à l'ONU. On nous fait croire à TF1 que c'est le seul qui veut faire de l'humanitaire...

Voilà ce que c'est que la misère de l'information: pas de réseau pour les portables, une presse provinciale anémique qui préfère les querelles de clocher à la crise du Moyen Orient, pas de radio à portée d'oreille, d'Internet point (sevrage annuel oblige), et trois chaînes sur une télé mal réglée : Pendant mes congés, réduit à m'abreuver à la source empoisonnée, je dus quérir les nouvelles du vaste monde auprès de la première chaîne.

Il ne faut pas dire "Fontaine...", n'est-ce pas ? L'alternative était peu réjouissante ; une chaîne quasi locale et à al réception floue, dont je tairai le nom, qui diffuse à tout crin des publicités pro-vieillards : sièges automatiques pour monter les escaliers (sorte de "monte-vieux"), baignoire à portières, périodiques de mots fléchés et autres sudoku... Je m'attendais à voir une réclame du genre "ce mois-ci dans vieux-mag, vivre épanoui sans prostate"...

Le coin de région PACA où je séjournais, bien qu'ensoleillé, pullulait de ces monstres kafkaïens pleins de l'intolérance gamine de l'âge, grabataires faisant vivre tout un peuple de livreurs, marchands de piscines, docteurs, pharmaciens et infirmières blondes à domicile. Ces retraités argentés commandent leur monde depuis leurs villas sur les hauteurs comme dans une version gériatrique de la Toscane du Quattrocento.

Cela fait du travail aux autres et c'est déjà ça. Il ne sert à rien de se dire que de tels soins sont gâchés lorsqu'ils sont prodigués à des impuissants séniles qui se déplacent plus volontiers pour voter FN que pour changer seul leur poche à merde... L'alternative est de refuser leur argent, ou admettre que l'on n'aimerait pas avoir les moyens de se payer les mêmes trucs, et ça, honnêtement, je ne le ferai jamais.

Il ne reste qu'à espérer que la canicule... Mais je m'égare. AU départ, je voulais vous parler encore de la boite à cons, TF1. Vous avez vu le petit nouveau, Harry Roselmack ? Je suis sous le charme. Jeune, beau, dynamique, sérieux, bonne diction, présentant bien, le gendre idéal. Bien meilleur que ce vieux bafouilleur de Poivre, et ses cheveux raréfiés, qui parlait dans sa barbe avec une voix de paysan breton.

Je vous parie que Tf1 reçoit des plaintes de nombreux crétins qui pensent que, parce qu'il est noir, il sent mauvais, même à travers la télé. Notamment des lettres de l'ignoble gent retraitée dont je parlais tout à l'heure. Ne riez pas, j'en ai vu... Jeunes et vieux. Finalement je n'étais pas si hors sujet que ça.

Qu'importe, il restera, ils mourront de vieillesse, et ce sera bien fait. Je pourrais dire que Harry Roselmack fera beaucoup contre le racisme en France, mais ce serait un peu trop politiquement correct d'énoncer une telle évidence... Ce que je peux dire, parce qu'on n'a pas el droit de cracher sur le volontariat, c'est qu'il fera plus contre le racisme que les grosses associations prestigieuses à coups de procès et de manifs.

Et pendant ce temps, on refuse de remplacer Catherine Laborde, un "visage qui rassure" même s'il n'est pas rassurant du tout. C'est un cadavre ambulant, une horrible liche, un vampire squelettique sorti du tombeau pour présenter la météo au lieu de nous sucer le sang ! Sèche et momifiée dans ses abjectes hardes qui pendent sur ses os saillants, elle tend ses membres grêles, macabre pantin à la voix rauque...

Elle doit partir. Elle fait peur aux enfants et épouvante les vieux en leur rappelant leur destin prochain. Brr...

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